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FrantzDelanis
9 février 2009

Camp de Dieuze

Nouveau départ matinal pour une destination inconnue. Cette nuit on couche dans un champ labouré et il pleut à torrents. Cela rappelle le front et les tranchées de Sierck, mais il n'y a plus de bombardements, et cela nous l'apprécions même si nous risquons un gros rhume. Encore une autre étape, plus courte et nous voici dans un grand camp, bien clôturé, avec des miradors garnis de sentinelles pourvues de mitrailleuses.
Comme vil bétail, on nous enferme, l'avant-veille de l'armistice, le 23 Juin, dans ce camp de Dieuze où nous resterons environ un mois.
Nous sommes, paraît-il, 70.000 dans un espace un peu plus grand que quatre terrains de rugby. Quel entassement! Quelle promiscuité et quels problèmes : pour manger, pour satisfaire les besoins naturels (n'est-ce pas que c'est élégamment dit, mais la réalité est moins poétique), pour dormir, que sais-je?
Pour manger, un peu de pain Kaka (à peu près la taille d'un paquet de cigarettes), une noisette de margarine, et parfois un biscuit sec, très sec. Avec cela, il faudra tenir la journée, avec une ration de soupe, une louche d'un liquide dans lequel nagent quelques rares grains de blé ou d'orge et parfois quelques lambeaux de boyaux de chevaux ou autres animaux tués sans doute au cours de bombardements ou morts de faim.
Nous avions juste la ration pour ne pas mourir d'inanition, car si nous étions inutiles maintenant, nous allions constituer une main d'oeuvre précieuse et peu coûteuse de deux millions d'individus qui remplaceraient les Allemands partis sur les divers fronts de l'Europe.

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FrantzDelanis
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