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FrantzDelanis
3 février 2009

Porter des plis

Ces ballades dans le "no man's land" comportaient des risques certains car l'itinéraire obligeait à emprunter des espaces découverts dont la traversée était périlleuse. Je me souviens d'un jour où je franchissais un de ces espaces, lorsque une salve de mitrailleuse me siffla tout près aux oreilles. Un plat-ventre immédiat et je ne bougeais pas plus qu'un mort pendant de longues minutes car n'ayant pu choisir mon emplacement dans un pré bien plat, je n'avais que les hautes herbes pour me protéger des regards indiscrets du préposé à la mitrailleuse. Celui-ci a dû penser que j'avais  mon compte et n'a pas insisté. Un quart d'heure environ plus tard, après avoir préparé un appui pour le talon, je fonçais vers la corne du bois en battant vraisemblablement mon record du 50m. Ouf! Heureusement, la première partie du trajet s'effectuait sur une route un pue en contre-bas des terres voisines et en marchant courbés nous ne pouvions pas être vus, du moins des soldats d'en face, mais nous devions toujours nous méfier des "Henschel", ces avions d'observation blindés qui rôdaient toujours près de nos lignes. Sur cette route nous avions à supporter un spectacle affreux et une odeur abominable (un convoi de chevaux attelés et d'hommes bien sûr, avait été le 10 ou 11 mai bombardé et anéanti). Sur cent mètres, c'était une vision apocalyptique et nous ne pouvions circuler dans cet enchevêtrement de cadavres, de canons et de fourgons, qu'en se plaquant le mouchoir fortement imbibé d'essence algérienne sur le visage. Des membres épars, des fragments de vêtements pendaient aux branches des arbres.

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FrantzDelanis
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