Projet d'évasion

Notre décision devint irrévocable et nous mîmes tout en oeuvre pour donner à notre évasion les plus grandes chances de succès.
Nous pensions nous éloigner le plus possible à pied et ensuite trouver un moyen de locomotion dont nous n'avions pas une idée précise : vélo, camion, train ?
Une seule chose nous paraissait évidente :  il faudrait traverser l'Aisne pour aller vers le Sud ou vers Paris. Pas de ponts, disait-on, il faudra la traverser à la nage. Or, avec Tissié, nous avions un bon copain dont j'ai oublié le nom ainsi que l'adresse. Sans parler d'évasion, nous avions appris qu'il ne savait pas nager.
Impossible, dans ces conditions, de l'emmener, l'entreprise devenant trop périlleuse ou incertaine. A trois, d'ailleurs, nous aurions eu d'autres problèmes difficiles et sans doute insurmontables.
Discrètement nous avons commencé nos préparatifs, ne mettant personne dans la confidence. Nous voulious partir le 1er Octobre, jour fatidique pour nous, instituteurs, de la rentrée des classes.
Nous avons trouvé un fil de fer, de la ficelle solide, de la toile imperméable (tout cela pour remorquer dans l'Aisne nos vêtements et quelques bricoles). le 30 Septembre, on se fait porter malades et on a pu ainsi se reposer avant l'épreuve qui nous attendait, faire cuire quelques patates pour n'avoir pas à chercher de la nourriture les premiers jours de notre "escapade".
Nous étions dans une grande ferme et couchions une cinquantaine environ dans une immense salle au premier étage. En bas, une grande cour où les sentinelles faisaient les cent pas, et une clôture presque symbolique (ce n'était pas Dieuze!) de trois fils de fers parallèles et des WC non loin de la clôture.